Comprendre les risques d’inondation à Niamey grâce à la cartographie open source, aux drones et à la modélisation

Pendant des millénaires, le fleuve Niger a été le poumon socioéconomique du Niger, mais aussi des pays voisins du bassin du Niger. Pourtant, même si cette imposante voie navigable permet à de nombreux Nigériens de se nourrir, s’approvisionner en eau, et gagner leur vie, elle présente également un grave risque d’inondation en Afrique de l’Ouest pendant la saison des pluies. Au troisième trimestre 2017, les inondations massives dues aux fortes pluies ont coûté la vie à plus de 50 personnes et ont entraîné le déplacement de près de 200 000 personnes.

Située sur les rives du fleuve Niger, la capitale nigérienne Niamey est particulièrement exposée aux risques d’inondation. Ces risques ayant été exacerbés par un développement urbain mal planifié, qui a contribué à la dégradation et à l’érosion des sols. S’ajoute à cela le dynamisme démographique de nombreux quartiers de Niamey, qui comptent aujourd’hui plus d’un million de personnes, mais ne disposent pas d’infrastructures de drainage adéquates.

Vue aérienne de Niamey, prise par un drone. Photo: Aziz Kountché, Drone Africa Services

Afin de remédier à ces défis, le gouvernement du Niger, en partenariat avec la Banque mondiale et la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR), a intensifié ses efforts pour recueillir systématiquement des données et des informations sur l’exposition et la vulnérabilité de Niamey aux risques d’inondation. Objectif : permettre aux autorités de mieux anticiper et de prioriser les investissements pour préparer la capitale à faire face aux inondations.

L’initiative a débuté en 2017 lorsqu’une équipe locale de bénévoles, composée principalement d’étudiants et de jeunes professionnels de l’association OpenStreetMap Niger, a utilisé une application mobile open source pour créer une base de données de personnes et de biens exposés aux risques d’inondation. À ce jour, l’équipe a collecté plus de 15 000 points de données sur les ménages et les infrastructures de la ville.

Depuis lors, une start-up nigérienne, Drone Africa Service, a formé des équipes de l’administration nigérienne et des membres de l’association OpenStreetMap à utiliser des drones pour acquérir des images haute résolution des zones où se trouvent les personnes et les biens exposés. Avec d’autres partenaires, la startup a analysé ces images, combinées à la base de données, pour modéliser le risque d’inondation des communautés les plus vulnérables de Niamey. Le modèle sera finalement partagé sur le portail en ligne de données sur les risques du gouvernement nigérien.

À Niamey, l’utilisation de drones permet d’établir une cartographie des zones exposées aux risques d’inondation. Photo: Aziz Kountché, Director, Drone Africa Services

« Je suis fier qu’un bon nombre d’étudiants et de professionnels aient participé à nos formations », souligne Fatiman Alher, modérateur et formateur de l’association OpenStreetMap Niger. « Mon rêve, c’est de voir les Nigériens et les Africains créer une cartographie et des données sur leur environnement, accessibles à tous. »

Ainsi, grâce à une combinaison de cartographie OpenStreetMap, de drones et de modélisation, les Nigériens prennent les devants pour préparer Niamey à la prochaine inondation. Ce faisant, ils sont également devenus un exemple pour d’autres pays d’Afrique subsaharienne en matière d’exploitation de la technologie et de l’innovation pour être résilient face aux aléas climatiques. Regardez cette vidéo pour en savoir plus.

Le GFDRR et la Banque mondiale ont soutenu ces efforts dans le cadre du programme de renforcement de la résilience grâce à l’innovation et aux données ouvertes en Afrique subsaharienne», une initiative financée par le gouvernement belge dans quatre pays africains: au Mozambique, au Niger, en Tanzanie et en Ouganda. Au Niger, les activités du programme sont étroitement alignées sur le projet de gestion des risques de catastrophe et de développement urbain au Niger de la Banque mondiale, ainsi que sur l’initiative sur les systèmes de risque climatique et d’alerte rapide (CREWS).

 

Auteurs: Vivien Deparday; Lorenzo Piccio. Cette page en : English.
Pièce à l’origine sur le blog Nasikiliza de la Banque mondiale.