Quand résilience des villes rime avec épanouissement professionnel des jeunes

Auteurs : Dina Ranarifidy et Tamilwai Kolowa

Article original à World Bank Blogs. (English)

Local mappers in Congo hired to map vulnerable areas in Brazzaville using the Street View technology, along with geospatial experts from the company, MindEarth
Quelques membres de l’équipe de jeunes Congolais recrutés pour cartographier les zones vulnérables de Brazzaville en utilisant la technologie Street View. Ici en compagnie des experts en analyse de données géospatiales de la société MindEarth. © MindEarth

Lorsque nous avons lancé, en 2019, les activités Villes ouvertes (Open Cities) (a) en République du Congo, notre principal objectif était d’aider les municipalités de Brazzaville et de Pointe-Noire à mieux se prémunir contre les risques d’inondation et d’érosion en milieu urbain. Nous étions loin d’imaginer alors l’impact que ce projet aurait sur la jeunesse congolaise. En plus de renforcer la résilience des villes aux chocs climatiques, le projet Villes ouvertes a suscité chez les jeunes Congolais une véritable passion pour l’urbanisme et la cartographie participative tout en leur donnant l’occasion d’apprendre et de trouver des débouchés professionnels . Nous avons eu le privilège d’assister à cet élan d’enthousiasme et d’observer les changements dans ces deux villes.

Jusque-là, les données urbanistiques étaient rares, souvent obsolètes et difficilement accessibles. Elles étaient de ce fait une denrée coûteuse, ce qui contrariait les efforts pour planifier durablement et efficacement l’espace urbain. Lorsque les étudiants congolais ont appris que le projet Villes ouvertes mobilisait les ressources locales pour pallier cette pénurie de données, en promouvant ainsi la production d’informations gratuites, accessibles et collaboratives, ils y ont vu une opportunité. Ces jeunes ont réalisé qu’ils pouvaient collecter des données inaccessibles autrement, les partager librement et les analyser afin d’améliorer la situation de leurs quartiers, et se sont investis avec ferveur et fierté dans ce défi.

À Pointe-Noire, les mapathons (a) organisés régulièrement dans le cadre des activités Villes ouvertes ont donné naissance à une communauté de cartographes bénévoles et passionnés . Des exercices qui ont également renforcé l’engagement citoyen et permis aux jeunes d’acquérir de nouvelles compétences. Christian Massama Ganga, fraîchement diplômé de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, nous a confié apprécier de pouvoir utiliser des outils en libre accès pour recueillir des données sur son quartier. Grâce à cette initiative, il s’est plongé dans la cartographie ouverte et envisage désormais de mettre à profit ses nouvelles connaissances pour décrocher son doctorat. Fort de ses compétences cartographiques certifiées, il s’est porté candidat pour faire partie des équipes chargées du recensement national. À terme, Christian rêve d’une carte couvrant « tout le Congo » pour que les habitants et les touristes puissent s’orienter facilement.

La municipalité de Pointe-Noire a elle aussi tiré directement parti de cette collaboration : ayant recruté certains de ces cartographes enthousiastes, elle a renforcé les liens entre une jeunesse dynamique et les autorités traditionnelles, pour le bien de la ville. Et c’est là où les universités jouent notamment un rôle décisif de passerelle.

When Open Cities made efforts to tap into local resources and fill the data gap—introducing opportunities for free, accessible, and collaborative data—Congolese students jumped on the chance.
Une équipe de jeunes cartographes équipés de leurs appareils photo arpente des quartiers non cartographiés de Brazzaville, au Congo. © MindEarth

Rapprocher les étudiants des opportunités professionnelles   

À Pointe-Noire, l’université catholique d’Afrique centrale et l’Institut catholique des arts et métiers (UCAC-ICAM), qui possèdent aussi un campus à Douala et à Yaoundé au Cameroun, servent de tremplin professionnel aux ingénieurs et techniciens. Partenaire de l’initiative Open Cities Africa (a), l’UCAC-ICAM forme ses étudiants à la collecte et l’analyse de données et les fait participer directement à ces opérations. En intégrant les activités de l’initiative dans le cursus universitaire, l’institut élargit les options professionnelles proposées aux étudiants.

Promouvoir l’aménagement urbain grâce à un vivier de cartographes

Cette nouvelle cohorte de cartographes compétents et maîtrisant les nouvelles technologies constitue un précieux atout pour les municipalités lors des projets collaboratifs. Leurs compétences ont également été mobilisées pour accompagner les activités de réhabilitation de quartiers précaires menés au titre du Projet de développement urbain et de restructuration des quartiers précaires (DURQuaP) (a) financé par la Banque mondiale. Certains étudiants ont été embauchés par le DURQuaP pour collecter et analyser les données d’appui aux investissements d’infrastructure (pavage et ouvrages de drainage) financés au titre du projet.

Plus récemment, des cartographes locaux à Brazzaville et Pointe-Noire ont pris part à la collecte, à l’analyse et à la classification de données en vue d’expérimenter un nouvel exercice de cartographie fondé sur la technologie Street View et destiné à évaluer la vulnérabilité des quartiers et les risques d’inondation.

Au Congo, le projet Villes ouvertes a su s’appuyer sur les talents et les compétences de jeunes gens passionnés et, pour ces étudiants prometteurs comme pour les villes auxquelles ils consacrent leur énergie, le meilleur est à venir !