Auteurs : Lamine Ndiaye, OSM Sénégal; Souleye Wade, Université Gaston Berger; et Samuel Masson, IMMERGIS
Les données sont nécessaires pour la prise de décision. Elles sont utiles si elles sont à jour, précises et exhaustives, encore faut-il qu’elles soient accessibles et partagées !
Cartographie participative à Saint-Louis
La ville de Saint-Louis a fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques et dispose donc de très nombreuses données : historiques, sociales – le site a été classé Patrimoine Mondial par l’UNESCO en 2000, et environnementales – car le territoire urbain couvre une bande sableuse (Langue de Barbarie), une île, une presqu’île, une partie continentale localisée au cœur de l’embouchure du fleuve Sénégal, et s’étend jusqu’à des vasières, souvent exposées aux inondations, qui doivent donc être monitorées.
Toutes ces données sont malheureusement hétérogènes, dispersées, voire obsolètes, alors que les besoins en termes de gestion, d’aménagement et de conservation du patrimoine sont énormes !
D’utilisateurs à créateurs de données
Notre équipe « Open Cities Saint-Louis » intervient dans le cadre de l’initiative OpenDRI (Open Data for Resilience Initiative) du GFDRR (Global Facility for Disaster Reduction and Recovery), qui vise à mettre des données sur les risques naturels à disposition des décideurs en accès libre.
L’objectif est de faire de ces acteurs, soient-ils institutionnels ou issus de la société civile, non seulement des utilisateurs, mais aussi des collecteurs et créateurs de données selon une démarche de collecte participative et de partage, en mettant en avant le développement des compétences locales en cartographie.
A Saint-Louis un groupe de 20 jeunes universitaires, dont la moitié des femmes, a été formé à la cartographie participative et est maintenant opérationnel au sein de l’OSM Sénégal. Ces gens sont désormais capables monter des campagnes de cartographie tous seuls et de former à leur tour d’autres utilisateurs.
Ces 20 jeunes sont à même aujourd’hui de monter des campagnes de cartographie, et de former à leur tour d’autres utilisateurs. Sous l’aile avisée de Lamine Ndiaye, à la tête d’OSM Sénégal, un noyau dur est maintenant opérationnel à Saint-Louis. Notre objectif pour la seconde phase de cette mission – la cartographie de l’île de Sor – est d’étendre toujours plus le nombre et la diversité des individus formés à la cartographie collaborative.
Une chaîne d’outils open-source
Avec la chaîne d’outils OpenDataKit et OpenStreetMap, l’équipe a digitalisé tous les bâtiments – leur état, nature, nombre d’étage, type de toit, les infrastructures anti-inondation (les digues), les équipements d’évacuation des eaux (fossés, canaux, etc.) situés sur la Langue de Barbarie et l’île de Saint Louis, désormais accessibles à tous, même aux utilisateurs peu familiers de cartographie.
Prochaine étape : cartographier l’île de Sor, la plus grande de la municipalité de Saint-Louis et former toujours plus de gens en cartographie, aux horizons aussi divers que possible, pour rendre la ville résiliente aux risques naturels !
Des besoins d’outils pour la mise à jour cartographique
A Saint-Louis, il y a de nombreux besoins ! La mise en commun des informations produites quotidiennement par tous les acteurs semble être la solution. Une chaîne d’outil, open-source, nous permet enfin de répondre à ces besoins.
Cette chaîne d’outils est un assemblage d’éléments (OpenDataKit et OpenStreetMap) qui nous a permis de concevoir un modèle de données, collecter à distance et sur le terrain, stocker, transformer et publier pour une mise à disposition pour tous.
Extrait de la base de donnée OSM sur le nord de la langue de Barbarie en Juillet 2018 (à gauche) et en septembre 2018 (à droite) suite au passage de l’équipe Open Cities Saint-Louis
Cet assemblage est reproductible, documenté, et utilisable avec un faible niveau technique en cartographie. Nous avons donc été en mesure de réaliser sur la Langue de Barbarie et l’Île de Saint-Louis un inventaire exhaustif des équipements tels que les bâtiments (état, nature, nombre d’étage, type de toit), les infrastructures anti-inondation telles que les digues, les équipements d’évacuation des eaux (fossés, canaux, etc.). Le résultat au nord de la Langue de Barbarie illustre notre travail : la très grande majorité des zones habitées et/ou exposées seront cartographiées, ce qui permettra une plus plus grande résilience aux risques naturels.
Open Cities Saint-Louis bénéficie du soutien du projet City Coastal Resilience (CityCORE) de la Banque mondiale et de la initiative ACP-UE Financement des risques de catastrophes en Afrique (ADRF) et géré par la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR).